CUISINE REGIONALE
« L’art culinaire suscite souvent de nombreuses interrogations
telles que : Pour quelles raisons les cuisines varient-elles de régions en régions et de pays en pays ?
Par Salah CHAKOR
Pour quoi les goûts des individus varient-ils selon l’âge, le sexe, la profession, la classe, la condition sociale, et la région ?
Pourquoi la consommation de tels ou tels ingrédients est-elle différentes selon qu’on observe les pays de l’Afrique du Nord, ceux de l’Afrique du Sud, de l’Afrique Centrale, ceux de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique ou ceux du proche, et du moyen Orient ? etc….
La réponse est que, ce sont des faits socio-culturels faisant partie intégrante du patrimoine de l’humanité, c’est à dire des faits intimement liés au passé ancestral (historique), à la géographie, au climat et surtout aux croyances, aux traditions, aux conditionnements sociaux aux impératifs moraux et religieux, des groupes sociaux si petits soient-ils et de la civilisation qui est la nôtre.
Nous ne consommons pas tel ou tel produit parce qu’il est bon, délicieux, mais parce que notre famille et particulièrement notre mère nous appris à le trouver bon. C’est une culture assimilée depuis notre naissance selon les critères socio-culturels de la société qui a été élevée elle même sur le plan effectif et culturel, comme sur le plan gastronomique d’où le fait que chacun apprenne d’abord sa langue maternelle et à des préférences gustatives particulières.
Ainsi s’explique notre attachement naturel non seulement à la cuisine de notre mère, mais encore à la cuisine de la région, du pays où nous sommes nés et où nous avons grandi comme nous aimons le patois de notre enfance. Au fond, les cuisines régionales sont aussi les patois de la gastronomie.
C’est pourquoi les spécialités de chacune de nos provinces sont innombrables et chères. Elles reflètent leur particularité, leur singularité et leur spécificité socio-culturelles sont elles sont fières.
A Tafilalt, par exemple, on est fière de présenter aux invités une Madfouna, des pigeons farcis, une soupe à l’Ouarguia, des préparations typiques à base de dattes…
C’est la raison pour laquelle il faut respecter également les usages culinaires des autres pays et des diverses régions qui les composent, car en agissant ainsi nous respectons la cuisine de l’autre qui, lui aussi aime ce que, sa mère lui a appris à aimer.
Nous ne voyageons donc pas pour manger ce que nous avons l’habitude de manger chez soi, mais pour découvrir les spécialités gastronomiques des autres, car c’est la meilleure façon de découvrir leur culture et de mieux connaître leur façon de traiter les aliments.
Plus qu’un acte nutritif, manger est un acte socio-culturel. Bien manger, avoir le souci de bien manger et de bien boire relève de la culture, exactement comme le goût du choix des beaux livres, des beaux tableaux… bien manger est aussi un acte de gratitude devant tout ce que Dieu nous a donné de bon, de délicieux, c’est le rite par excellence de la convivialité, du bien être et de l’ouverture sur les horizons et les êtres les plus lointains.
Ecrivain et consultant en tourisme.